Perdue dans la garigue.

Publié le par jcg35r

ruine

 

 

                Chaque matin, mes pas me conduisent au bout de ce petit chemin, à travers la garigue. Ce sentier de terre sèche, bordé d'arbustes et de fleurs sauvages m'ouvre alors un écrin de nature, de bois morts à même les pierres où mes pas se posent.

                 Le soleil, déjà haut dans le ciel, de ses rayons chaleureus sur les plantes et les arbres, m'offre des odeurs incomparables de volupté, de finesse, de légèreté, d'aromates et de piments. Ce coin arride et sec vers lequel je m'échappe me rappelle à moi même. C'est là, en cet endroit, que je me laisse aller à la méditation et la prière, faisant partie d'un même corps avec cette nature belle et rebelle. Un terrain désertique de terre noire et rouge descendant par pallier vers les épines et les taillis aux travers desquels je ne puis plus avancer. Cette végétation dure et sans pitié me fait barrage.

                 Pourtant, je descends jusqu'à la ruine en me piquant le dos et les mains, je prends garde aux serpents et j'approche les murs à demi écroulés.

                 J'aime cette ruine, ses murs de pierres sèches, demi debout, demi à terre. La végétation est entrée dans ce qui était sans doute une ancienne bergerie, une petite bicoque au coeur de la Provence dont les ouvertures en arche sont encore debout. Le millepertuis s'épanoui à profusion dans la racaille et le rouge brun de cet endroit désertique.

                  Tout autour de cette ancienne demeure devenue fantomatique au beau milieu de cette nature et des restes d'oliviers ne donnant plus, l'odeur de menthe s'insinue dans mes narines et me monte à la tête. Je passe mes mains dans les talées de feuilles et je respire cette odeur superbe et douce, jusqu'à ce qu'elle s'échappe de mes doigts que je replonge de nouveau dans ces senteurs paradisiaques.

                   Les arômes de thym sauvage et de serpolet me ravissent, j'en ramasse un bouquet que je respire avec bonheur, et je m'étend sur une longue pierre, à même la terre.

                   Je suis bien, je me sens fondre et épouser cette nature, nous ne faisons qu'un, je ne suis plus un corps étranger mais nous sommes, elle et moi, d'une même osmose, d'une même participation au monde, d'une même création, se complètant l'un, l'autre et vivant nos rencontres et nos épousailles pour fusionner plus loin, dans l'universaité.*

                   Je me sens bien, ces moments de repos et de communion avec cette nature sont si beaux, si doux, si parlants, ils me procuent une sereinité intense et sans doute les plus beaux moments où la perception se multiplie, s'intensifie pour n'être qu'u avec le monde et celuyi qui l'a fait...Merci.

                   Mon bouquet de millepertuis à la main, je suis comme à un rendez vous galant, cette sensation me plait bien elle me va bien, un rendez vous galant, dans ce coin de paradis, quelle merveille, se retrouver dans un livre de Colette, peut être " le blé en herbe " ... Puis surgit au détour du sentier un garçon au pas de course, juste le temps de le regarder il est passé, et mes yeux courrent sur son dos qui s'éloigne...Dix sept, dix huit ans...l'âge où Rimbault pensait qu'on était pas sérieux, où l'on buvat des books et de limonade...en cet instant où passe ce garçon, je me balade entre mes dix sept ans et le jour qu se fait...je n'ai pas d'âge, seul mon esprit vagabonde.

 

Serge Palaric.

 

 

Noisette


             

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R
Grand respect pour toi Dame Nature...tu m as souvent accompagné dans mes baroudes et parfois malgrés tes soubresauts tu m as appris à etre ce que je suis...pour affronter le monde des<br /> violents...beau texte Monsieur Rusty
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S
<br /> A bientôt Ondine, j eviens de terminer en tant que bénévole le festival " nomade en Metz " à Metz. superbe et chaleureux...maintenant, je suis aux " Rencontre Stiganes " de Nancy, ou j'expose 60<br /> agrandissements...je rentre à rennes le 30 Septembre, pour sans doute repartir...GRos gros bisous Ondine, à bientôt, Serge:<br /> <br /> <br />
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O
<br /> Je reviendrai lire ton beau texte demain... pour mieux m'imprégner des senteurs et couleurs ensoleillées de la garrigue :)<br /> A Paris le temps s'est plutôt raffraîchi<br /> Bisou et bonne nuit Serge<br /> <br /> <br />
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S
<br /> Merci Philippe, comment vas tu ? que deviens tu ? Bisous, Sergio Amigo.<br /> <br /> <br />
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P
<br /> Très jolie ode à cette nature qui sait nous offrir réconfort et plénitude, lorsque nous sommes capable de ne faire qu'un avec elle.<br /> Philippe.<br /> <br /> <br />
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